mercredi 27 février 2013

Des chercheurs s'attaquent au mythe de Mère Teresa

L’article intitulé "Les côtés ténébreux de Mère Teresa", qui va être publié dans la revue Studies in Religion au mois de mars, n'est pas à l'avantage de Mère Teresa. Les conclusions de Larivée et ses deux collègues se basent sur la lecture de 500 ouvrages évoquant la vie de la religieuse décédée en 1997 à Calcutta (Inde).

Grosso modo, Mère Teresa acceptait l’argent des dictateurs, ne voulait pas entendre parler de divorce ou d’avortement et laissait les malades souffrir dans ses institutions caritatives à l’hygiène douteuse.

Larivée confie à Lapresse.ca que "dans ses centres d'hospitalisations, les patients étaient laissés à eux-mêmes. Ils recevaient peu de soins palliatifs ou de médicaments pour soulager leurs douleurs, car pour Mère Teresa, souffrir rapprochait de Dieu". Il note également qu’elle "s'est opposée aux interruptions de grossesses des femmes bosniaques qui avaient été violées par des Serbes". Toujours selon les chercheurs montréalais, la réputation de Mère Teresa serait une vaste opération de relations publiques menée par le Vatican pour revitaliser le catholicisme. Le miracle qui lui a par exemple permis d’être béatifiée serait de l’esbroufe. "Les sœurs religieuses de l'hôpital où était traitée une femme qui avait de graves douleurs à l'abdomen ont payé la patiente et son mari pour qu'ils affirment que Mère Teresa avait guéri ses douleurs". Il ressort que la femme en question a été soignée grâce à des médecins et non pas seulement par l’opération du Saint Esprit.  

Mère Teresa savait aussi récolter les dons pour sa fondation. Et parmi les donateurs, l’ancien président des USA Bill Clinton ou feu Lady Diana côtoient des noms nettement moins glorieux. "Elle a notamment reçu des dons de l'ancien dictateur haïtien, Jean-Claude Duvalier. Un homme lui a également offert un jet privé, et plus d'un million de dollars qui avaient été volés à des caisses de retraite de petits épargnants, aux États-Unis. Lorsqu'il a été cité en procès, elle a même écrit une lettre à la cour, pour le défendre", révèle encore le chercheur.

Avec toutes ces casseroles, Larivée se demande malicieusement comment la religieuse a pu être récompensée par le prix Nobel de la Paix.

Via : Lapresse.ca

Illustration : Túrelio, Wikipedia

Par Guillaume RocheFollow @Leyog

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vendredi 22 février 2013

Chez Novartis, le silence se paie en francs suisses | Causeur

daniel vasella novartis

Daniel Vasella, patron sortant de Novartis, vient de se faire pincer alors qu’il s’apprêtait à empocher un bonus de 72 millions de francs suisses (58 millions d’euros). Ne pouvant lui offrir de “parachute doré” — s’agissant d’un départ régulier —, le conseil d’administration du géant pharmaceutique suisse entendait faire passer ce petit cadeau sur un compte secret au titre de “salaire du silence”. Même si la clause de confidentialité figurait clairement dans son contrat de travail.
Par-delà l’extravagance des chiffres, l’affaire Vasella montre la perte de contact croissante des conseils d’administration avec la réalité économique et humaine.
Moi, ces 72 millions de Novartis, je me les garderais. Renoncer à votre bonus quand il est révélé au grand jour, et seulement parce qu’il est révélé, voilà qui jette un voile de suspicion sur votre jugement moral. De deux choses l’une : soit vous méritiez votre indemnité — et vous l’encaissez sans ciller; soit vous ne la méritiez pas — mais alors au nom de quoi l’avoir réclamée et négociée?
Car enfin, il est peu d’hommes en ce monde qui détiennent un secret comme le vôtre. Un secret qui vaut une fainéantise de six ans et 72 millions dans ce pays à l’éthique de travail si sévère ! Un comble… Malgré cela, Novartis était disposé à vous payer un million de francs suisses le mois de farniente ! Dix-neuf francs chaque minute de silence !
Que détenez-vous donc de si précieux, de si désirable pour la concurrence ? La recette d’un médicament miracle capable de faire décoller une multinationale assoupie ? L’art de masquer par des restructurations, dans les bilans de fin d’année, le manque de créativité des laboratoires ? Le réseau politique idéal pour faire endosser aux collectivités de nouveaux vaccins d’autant plus indispensables qu’ils seront moins utiles ? Ne craignez-vous pas, détenant un secret si stratégique dans votre tête, qu’on vous enlève pour vous faire parler ? Rêvez-vous de waterboarding ? De sérums de vérité ? Avez-vous engagé des gorilles pour vos enfants ?
Mais je me laisse éblouir par votre démesure, M. Vasella. Si vous et vos administrateurs avez pu mitonner un cocktail d’adieu aussi somptueux, c’est que le gâteau dont vous êtes la cerise est, quoi qu’on en dise, une sacrée pièce montée. J’ai sous les yeux le rapport d’analyse d’une grande banque sur les perspectives de l’économie suisse en 2013, par secteurs. Tout stagne et tout va mal. Sauf ce qui va très bien: la haute horlogerie, évidemment. Et puis le médical, la pharma, la technologie liée aux soins et les assurances. En somme, une économie gériatrique alimentée par la hantise de la mort, depuis le tic-tac de luxe qui nous décompte les heures («toutes nous blessent, la dernière nous tue», disaient les Anciens) jusqu’aux alchimies qui prolongent à grands frais nos jeunesses de quelques années et nos vieillesses de quelques jours. Si l’industrie morticole est un royaume, la pharma en est la reine.
Vous voyez bien que je plaisantais, M. Vasella. Si j’étais vous, je dormirais sur mes deux oreilles. L’équivalent de 60 prix Nobel que vous venez de décliner ne récompensait pas votre personne, ni votre génie, ni vos secrets. Votre valeur personnelle n’est, rassurez-vous, même pas en jeu. Ce qui est en jeu, c’est votre fonction. C’est la cerise que vous représentez. Une cerise de ce prix-là valorise tout le gâteau. Un gâteau énorme, aussi vaste qu’un pays. Un gâteau où pioche une armée de cadres, de lobbyistes, de parlementaires et de communicants. Ceux qui, face à vos appétits de satrape, sont toujours restés muets. Normal: on ne parle pas la bouche pleine.

*Photo : World Economic Forum (Daniel Vasella).

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dimanche 17 février 2013

Pilule contraceptive : faut-il “intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoires de bien vouloir fermer leur claque-merde”? | DocBuzz - l'autre information santé

«Nombreux sont les interlocuteurs qui, dans le dossier des risques des pilules, évoquent spontanément le “scandale Diane 35″ » ; ainsi débute un article du journal Le Monde érigeant l’affaire Diane 35 en nouveau scandale national : on ne sait qui sont ces «nombreux interlocuteurs» mais c’est bien la meilleur manière pour débuter  un article sans témoin et créer de toute pièces un nouveau «scandale». Prenez une femme, victime d’une pathologie qui pourrait potentiellement être un effet secondaire d’un médicament et portant plainte, un avocat ayant des connections médiatiques, quelques journalistes santé recalé en première année de médecine et désireux de prendre leur revanche, un député dont la capacité de langage scientifique ne dépasse pas le terme «suspension»,  un ministre de la santé qui fait l’exact contraire du précédent au nom de la même démagogie et à moins d’un an de distance, et vous obtenez le terreau nécessaire et suffisant à un subtile nouvelle affaire, non pas un scandale, mais une abracadabrantesque guignolade qui fait s’ahurir la communauté scientifique internationale, surprise que la France découvre avec retard, que prendre une pilule peut favoriser une phlébite dont on peut même mourir, un effet secondaire connu, référencé, publié, chiffré, enseigné depuis plus de 50 ans, tout comme était connu et publié le  sur-risque thromboembolique des pilules de troisième génération par rapport aux secondes. Ces informations étaient et restent accessibles aux médecins comme aux patients.

Les journaux, dont Le Monde, évoquaient ce matin, la survenue de décès sous un médicament, Diane 35 : « L’Agence du médicament confirme quatre morts liées à la pilule Diane 35 »  titrait Le Monde,  illustrant ce titre tapageur d’étuis de pilules qui ne correspondaient pas au médicament Diane 35. L’agence du médicament a confirmé, dimanche 27 janvier, quatre morts “imputables à une thrombose veineuse liée à Diane 35″ depuis 1987. Voilà le scoop, 4 décès sous un médicament en 26 ans, soit un décès tous les 7 ans environ, certes trop, mais rappelons que le tabac tue 220 personne par jour, la pollution 22, et l’automobile 10, sans faire aucun scandale même dans ce grand journal qu’était Le Monde. Personne n’a beaucoup plus d’information puisque selon le communiqué de l’ANSM qui confirme ces décès, un rapport sera rendu public la semaine prochaine. Cela n’empêche pas nos brillants journalistes de fanfaronner : Evoquant des données de risques thromboemboliques multipliées par 6,68 récemment publiées dans le journal Le Figaro, nos Don Quichotte estiment que ces « éléments viennent s’ajouter à l’alerte qui a été lancée par Le Monde il y a quelques semaines concernant les risques que présentent les pilules de troisième et quatrième génération » ! Une alerte qui mériterait au moins le Pulitzer. A ce rythme, les journalistes français vont bientôt publier le Vidal !

Diane 35, est une combinaison d’ethynylestradiol et d’acétate de cyprotérone, un anti testostérone, également utilisé par exemple dans la composition de l’Androcur, traitement prescrit dans le cancer de la prostate. Si Diane 35 est indiqué en France dans le traitement de l’acné et de l’hirsutisme, tous deux favorisés par la testostérone, il n’a jamais reçu d’AMM pour  bloquer l’ovulation.  Il était cependant facile pour les médecins face à des jeunes filles présentant par exemple un peu d’acné de préconiser et prescrire Diane 35 (en hors AMM) et de bénéficier de son effet anti-ovulatoire. Certes, elle n’était pas remboursée par la sécurité sociale, mais aucune pilule de troisième ou quatrième génération ne l’était. Certes, elle avait un risque thromboembolique supérieur aux pilules de deuxième génération, mais qui restaient identiques à celui des autres pilules de troisième génération. Quant-à savoir si elle a été trop prescrite, nous ne disposons pas des données permettant d’affirmer ou d’infirmer cela. Connaissant le volume des ventes de pilules et les risques étant correctement cernés, l’ANSM est en mesure de dire si le nombre constaté d’évènements indésirables sous pilule correspond aux effets attendus, les dépasse ou les réduit.

Si il est pour l’instant difficile de détecter ici un scandale autrement que chez les vendeurs de papier, cette nouvelle affaire nous montre cependant encore une fois, qu’il n’y a personne à la tête de la santé en France, que l’ANSM est incapable de relever les défis qui sont les siens, que le ministère de la santé est incapable d’émettre un message cohérent et rassurant sur la durée (Bertrand rembourse, Touraine dérembourse), et que les médecins comme les associations de spécialistes de la santé (les kinésithérapeutes hier, les gynécologues aujourd’hui…),  systématiquement trainés dans la boue par les journalistes et accusés de collusion et donc d’incompétence, devraient commencer à utiliser tous les moyens à leur dispositions pour “intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoires de bien vouloir fermer leur claque-merde!” (Les Tontons Flingueurs George Lautner)

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Quelle est la valeur de la parole scientifique de M. Philippe Even ? | DocBuzz - l'autre information santé

La presse a dans notre pays un grand pouvoir, un contre-pouvoir diront certains. Un nouveau « Scoop » lancé par le Nouvel Observateur défraye la chronique : selon un livre écrit par MM. Even et Debré, “Plus d’un médicament sur deux serait inutile voire même inefficace, 20% mal tolérés, 5% potentiellement dangereux” et, fait incroyable, “75 % sont remboursés par la sécurité sociale.” Evidemment une telle révélation ne peut que faire frémir les français qui tous, passé un certain âge, utilisent au moins une thérapeutique, qui pour traiter une hypertension, un mal de dos, ou un cancer. Aucun traitement n’est épargné. Evidemment si tel est le cas, ce qu’affirment en tout cas les deux auteurs, ce n’est ni plus ni moins qu’une dénonciation salutaire d’un complot mondial mêlant les « agence du médicament » de tous les pays, industrie pharmaceutique, et politiques de tous bord, sans épargner les millions de patients non éclairés qui, à travers le monde, acceptent de se laisser berner sans sourciller.

D’autres se chargeront peut-être de relire les 900 pages de ce dernier ouvrage afin d’y pointer les éventuelles erreurs et approximations scientifiques qui conduiront peut-être des patients à cesser des traitements qui pouvaient leur être utiles. Les médecins et pharmaciens de première ligne, au contact quotidien de malades réels, seront les premiers à juger de l’existence ou non de telles conséquences.

Mais puisque M. Even se pose en donneur de leçon d’une éthique scientifique et morale, il serait peut-être nécessaire de se poser factuellement la question de la valeur de la parole scientifique de M. Even qui se présente aujourd’hui comme « président de l’institut Necker » une association loi 1901 sans aucun lien avec la faculté de médecine du même nom, mais capable d’entretenir la confusion dans l’esprit d’un lecteur, d’un auditeur ou d’un téléspectateur ignorant de la chose.

Le père de Philippe Even était pneumologue, chef du service de pneumologie à l’hôpital Laennec. Le Pr Jacques Chrétien, un clinicien brillant et pneumologue reconnu pour sa lutte acharnée contre la tuberculose lui succéda. Lui-même cèdera ensuite son poste au fils de son prédécesseur. Philippe Even fut nommé professeur en 1966 alors que, selon ses propres termes il n’avait «encore fait aucun travail important» (site histrecmed). Une analyse de la banque de donnée des publications scientifiques internationales Pubmed (Even P), indique qu’il publia au cours de sa carrière quelques dizaines d’articles scientifiques dont beaucoup dans des revues françaises de petit impact factor mais qu’il ne fut jamais associé à aucune recherche ou découverte d’envergure. Il essaya pourtant.

« La démarche intellectuelle des chercheurs fondamentalistes me plait davantage que les discussions de mes collègues médecins qui m’ennuient » Philippe Even-site histrecmed

En 1985, la maladie qui fait la une de tous les journaux du monde, c’est le SIDA. Cette maladie est identifiée en juin 1981 aux Etats-Unis par le centre de contrôle des maladies d’Atlanta. L’agent pathogène, le virus du SIDA (VIH1) est isolé en février 1983 par le professeur Luc Montagnier et son équipe de l’Institut Pasteur, une découverte majeure. Le 29 octobre 1985, M. Even, et deux autres médecins de l’hôpital Laennec, Jean-Marie Andrieu, cancérologue, et Alain Venet, immunologiste,  tiennent une conférence de presse où ils annoncent tout simplement avoir découvert un traitement du SIDA : « Nous avons ouvert une nouvelle voie thérapeutique qui est d’un intérêt particulier » offrant « un espoir raisonnable de guérison »  (écoutez un interview audio de M. Even de 1985).

Le monde scientifique resta circonspect face à cette utilisation des médias pour annoncer les résultats d’une expérimentation débutée seulement quelques semaines auparavant et n’ayant, au moment de son annonce, aucune conclusion concrète.

En fait cette petite équipe emmenée par M. Even avait mis en place une expérimentation sauvage chez au moins 10 êtres humains atteints par le virus VIH, en ne respectant aucune règle scientifique ni éthique : ils avaient administré à ces patients déjà immunodéprimés, la ciclosporine, un médicament immunosuppresseur, qui a pu précipiter le décès de patients dont le système immunitaire était déjà affaibli par le virus VIH et souffrant pour certains d’infections concomitantes.

La commission nationale d’éthique (présidée à l’époque par le professeur Jean Bernard), qui doit valider tout protocole de recherche chez l’homme n’avait pas été consultée. Le consentement éclairé des patients n’avait pas non plus été recueilli. Par ailleurs, à cette époque, la ciclosporine ne pouvait être dispensée qu’au sein des trente-cinq services de transplantation d’organes français et son usage était extrêmement contrôlé. En aucun cas, l’équipe de M. Even n’aurait du disposer de ce médicament.

Fait aggravant, la conférence de presse qui allait annoncer au monde la découverte d’une “nouvelle voie thérapeutique” dans le traitement du SIDA avait été donnée au sein même du ministère des Affaires Sociales (qui exerçait la tutelle sur la Santé), dirigée à l’époque par la ministre Georgina Dufoix qui donc cautionnait cette recherche (et sera plus tard impliquée dans l’affaire du sang contaminé).

Le 11 novembre 1985, le premier des patients traités par M. Even décède (en fait, l’un d’eux serait décédé avant même la conférence de presse mais il n’en sera pas question alors). Ce premier patient “officiellement” décédé était un homme homosexuel âgé de 38 ans qui avait reçu de la ciclosporine depuis 3 semaines. Dans un entretien téléphonique donné au journal américain The New York Times, qui en publiera des extraits le 12 novembre 1985, M. Even persistait : «Le programme expérimental a montré des résultats prometteurs et il est élargi». M. Even y justifie la mort du patient et déclare qu’il s’agissait d’un «cas désespéré», affirmant que sa mort n’était pas inattendue, étant donné le stade avancé des infections multiples du patient.

Malgré déjà au moins deux décès, l’absence de déclaration de l’essai clinique et l’impossibilité légale pour ces médecins de prescrire de la ciclosporine, aucune autorité scientifique éthique ou politique de l’époque ne tenta d’interrompre l’essai connu de tous depuis la conférence de presse ; ”Ce que je peux dire concernant les 10 premiers patients que nous avons suivis, c’est que les résultats confirment entièrement les espoirs que nous avions”  explique encore M. Even dans l’article du NYT.

La ciclosporine, connu pour être immunosuppresseur, agirait selon lui en paralysant les cellules infectées par le virus du sida, prévenant  la propagation de la maladie et permettant au corps de reconstruire son système immunitaire. Cette idée avait germé suite à la lecture de la thèse encore non publiée d’un chercheur, David Klatzmann, qui émettait l’hypothèse que la ciclosporine pourrait être utile à l’étude des mécanismes du sida in vitro. C’est peut-être cet engouement pour «La démarche intellectuelle des chercheurs fondamentalistes» qui poussa M. Even à passer de l’hypothèse in vitro à l’homme sans s’encombrer des conséquences?

Aucune sanction ne sera prise contre les médecins. Aucune famille ne portera plainte. Aucune enquête ne sera ouverte pour déterminer comment la ciclosporine, cet immunosuppresseur, a pu être prescrite hors AMM à des patients immunodéprimés, le Conseil de l’Ordre des médecin n’intentera aucune action de radiation. Cet épisode de la médecine française est dorénavant connu sous le nom de “l’affaire de la ciclosporine”. (Pour en savoir plus sur cette “Affaire de la ciclosporine”, lisez l’article “L’espace public de la recherche médicale. Autour de l’affaire de la ciclosporine” de Nicolas DODIER, disponible en ligne et téléchargeable gratuitement)

Trois années après cette épopée scientifique qui donna au monde entier une triste image de la recherche française, M. Even fut promu au rang de doyen de la faculté Necker.

L’équipe de médecins publia un article en 1988, soit 3 ans plus tard, intitulé « Effects of ciclosporin on T-cell subsets in human immunodeficiency virus disease » qui indiquait que la ciclosporine avait été administrée à 33 patients contaminés par le virus du Sida. Leur conclusion était que «Ces résultats devraient stimuler la recherche biologique ainsi que la recherche clinique chez des patients séropositifs pour le VIH avec l’objectif de retarder ou de prévenir la survenue du SIDA ». En 2008, un chercheur américain, Martin Markowitz évalua de nouveau l’intérêt de la ciclosporine, cette fois de manière légale, chez des patients séropositifs pour le HIV et recevant un traitement antirétroviral. L’essai conclut que la ciclosporine n’apportait aucun bénéfice virologique ou immunologique.

Cette première sortie médiatique de M. Even fut également la dernière en tant que médecin.

« Les campagnes anti-tabagiques se fondent trop souvent sur des mensonges comme le danger du tabagisme passif qui est, en fait, inexistant » Philippe Even-site histrecmed

Parmi ses autres prises de positions, aujourd’hui oubliées par les médias, mais encore identifiables sur internet, figure celle, intéressante, venant d’un ex pneumologue, ex professeur des hôpitaux de Paris, dénonçant les campagnes anti-tabac. Ces campagnes anti-tabac se fondent selon lui  «trop souvent sur des mensonges comme le danger du tabagisme passif qui est, en fait, inexistant. Les arguments utilisés sont en fait destinés à mobiliser les non-fumeurs pour tenter de culpabiliser les fumeurs et cela en biaisant la réalité ». Quelles réactions ont pu avoir des fumeurs à cette prise de position? En 2001, les dangers du tabagisme et du tabagisme passif étaient pourtant déjà bien connus. Ils seront confirmés par l’OMS qui estimera que le tabagisme passif cause 600 000 morts par an (The Lancet, nov 2010).

« L’industrie pharmaceutique assume désormais une recherche de caractère industriel qui permet d’étudier en un jour autant de molécules qu’on en étudiait en dix et il est vrai que la découverte constante de nouveaux médicaments a valu un certain nombre de prix Nobel à ses chercheurs » Philippe Even-site histrecmed

La nouvelle sortie médiatique de MM. Even et Debré, liée à la publication de leur livre, le “Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles et dangereux”, traitée comme un scoop d’envergure, n’a en fait, rien de neuf. Les fondements de la démonstration des auteurs avaient déjà été publiés par les mêmes dans un rapport publié en Janvier 2011, “RAPPORT DE LA MISSION SUR LA REFONTE DU SYSTEME FRANCAIS DE CONTRÔLE DE L’EFFICACITE ET DE LA SECURITE DES MEDICAMENTS”. En résumé, ce rapport de 83 pages, également disponible en ligne, dénonçait l’ensemble de la chaine du médicament, de leur création, à leur commercialisation, en passant par les multiples étapes de la vie d’un médicament : études tronquées, chercheurs incompétents et corrompus par l’industrie, revues médicales complaisantes et infiltrées, agences du médicament incapables, gouvernements complices, etc. De ce maelstrom d’incompétences et de corruptions, ressortait évidemment que des centaines de médicaments étaient finalement inutiles, destinés uniquement à générer du chiffre d’affaire pour une industrie pharmaceutique cynique. Un complot à l’échelle mondiale auquel il était temps de mettre fin.

- “Selon notre propre analyse des 4.500 médicaments sur le marché, hors génériques, (…) il y a sur les 1.120 molécules originales, 100 (9%) molécules majeures, 210 (19%) molécules importantes, 250 (22%) molécules d’effet généralement modeste, 170 (15%) d’effet mineur et 390 d’effet nul, soit 560 molécules originales (50%) sans intérêt, comme le sont la majeure partie des 170 associations et les 160 produits divers homéopathiques, oligothérapiques et phytothérapiques, dont beaucoup sont encore remboursés au minimum à 15 et 35%, voire 65%” (page 13).

- “12% (des médicaments), soit 140 molécules originales en 200 versions commercialisées, sont à manipuler avec plus d’attention encore, à cause des accidents sérieux ou graves, et même parfois mortels, qui ont été rapportés”.

On regrettera évidemment qu’en 83 pages, qu’aucunes de ces assertions ne soient argumentées ni scientifiquement référencées, un oubli finalement logique si les revues médicales sont si corrompues.

L’ensemble de cette théorie du complot est très inspirée des arguments développés par une ancienne rédactrice en chef du New England Journal of Medicine, Marcia Angell, dans un ouvrage publié en 2005 et dont M. Even assura la traduction française. L’ouvrage ne rencontra alors aucun succès médiatique. Le moment était probablement mal choisi.

 Il y a une dizaine d’années, la parole scientifique de M. Even, âgé alors de 68 ans, était toute autre. Il concluait un interview en ces termes : 
 “En France, on peut dire que l’Etat a tué l’industrie pharmaceutique. A partir de 1945, il a voulu contrôler les dépenses de santé en bloquant le prix des médicaments, depuis lors, ceux ci sont payés à l’industrie une fois et demie moins qu’en Allemagne ou qu’en Angleterre. L’industrie s’est adaptée à cette situation. En estimant trop élevé le cout de développement de nouveaux médicaments elle a fait l’impasse sur le long terme. Moyennant quoi l’Etat a perdu sur tous les tableaux puisque non content de torpiller une industrie, dans le même temps les Français sont devenus les premiers consommateurs mondiaux de médicaments (troisième marché mondial). Le fond du problème est que depuis un demi siècle l’Etat n’a jamais pris en compte le fait que la santé est une priorité pour les Français et que celle ci a un prix qu’il ne faut pas chercher à raboter au risque de réaliser de fausses économies. D’ailleurs, avec 8,5% du PIB, il n’y a qu’en Angleterre où les dépenses de santé soient inférieures au taux français. Dans tous les pays développés ces dépenses oscillent entre 10 et 11% du PIB. En France, les dépenses de santé représentent 800 milliards par an, mais on oublie que notre système fait vivre 2 millions de personnes et qu’il suscite des recettes liées à la production de biens et de services. Le vrai déficit, c’est ce qu’on doit importer, c’est-à-dire tous les équipements et tous les médicaments qu’on ne produit pas en France, ce qui représente un trou de 100 milliards par an seulement. Et, si nous en sommes là, c’est parce qu’on a tué l’industrie pharmaceutique, comme celle de l’imagerie médicale et autres équipements. Une argumentation contraire à l’actuelle mais pas plus référencée.

La parole scientifique de M. Even est donc bien virevoltante. L’avenir dira si cette dernière sortie médiatique de M. Even était la bonne.

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mardi 12 février 2013

Watson : le supercalculateur d'IBM qui dit des gros mots

Le supercalculateur Watson a commencé à sortir des obscénités, ce qui a obligé IBM a changer sa base de données, montrant à quel point il est difficile de concevoir une intelligence artificielle, selon CNN.

Le langage humain est encore trop complexe pour les supercalculateurs

Watson était un des grands sujets d’actualité de 2011 lorsqu’il a battu les meilleurs joueurs de Jeopardy (cf. « La machine plus forte que l’homme à Jeopardy »). La machine est aujourd’hui utilisée pour la recherche et l’aide au diagnostic.

Dans des révélations parues la semaine dernière, IBM affirme qu’il a essayé de pallier les problèmes linguistiques de Watson en utilisant le contenu d’Urban Dictionary il y a deux ans. Urban Dictionary répertorie les expressions courantes et l’argot sur un ton très loin du discours littéraire.

La prochaine étape : le test de Turing

Le problème est que Watson était incapable de faire la différence entre le langage courant et vulgaire et que la base de données d’Urban Dictionary donnait lieu à des interactions étranges. La machine a même commencé à jurer. IBM affirme que Wikipedia pose aussi des problèmes importants.

IBM a décidé de restreindre Watson à un usage médical pour le moment, afin de ne pas avoir trop de problèmes avec les limites du système, mais le chercheur en charge de concevoir son intelligence artificielle, Eric Brown, continue d’oeuvrer en espérant un jour que son bébé passera le test de Turing.

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Avec Watson, IBM développe le Dr House du futur

IBM a signé un partenariat commercial aux Etats-Unis, pour déployer sa solution Watson, qui doit aider les médecins à mieux diagnostiquer les maladies et à trouver les remèdes les plus efficaces... et qui doit aussi aider les assurances à déterminer quand elles n'ont pas à rembourser un acte médical jugé inutile pour le patient.

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vendredi 8 février 2013

Un diurétique pour lutter contre l'autisme

Au début de la vidéo, l'enfant de 4-5 ans déambule dans la pièce et geint, indifférent, semble-t-il, aux sollicitations de la psychologue qui organise l'anniversaire d'une poupée. Dans la deuxième partie, il est assis à côté de la praticienne et participe à ce jeu, allant même jusqu'à feindre de souffler des bougies. Entre les deux séquences, ce petit garçon autiste a reçu un traitement par un diurétique, le bumetanide. Cette séquence a été projetée, mardi 11 décembre, lors d'une conférence de presse au siège de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), à Paris, par Yehezkel Ben-Ari, fondateur et directeur honoraire Inserm de l'Institut de neurobiologie de la méditerranée, et Eric Lemonnier, clinicien spécialiste de l'autisme (CHU de Brest).

Ces deux spécialistes sont venus présenter et expliquer les résultats très encourageants obtenus par cette approche médicamenteuse. Leur  essai, qui a inclus au total 60 enfants autistes, âgés de 3 à 11 ans, est publié dans la revue Translational Psychiatry. Parmi ces petits patients, atteints de diverses formes d'autismes, y compris de haut niveau (syndrome d'Asperger), la moitié a été traité par le diurétique (1 mg/jour) pendant trois mois, les autres recevant un placebo.

UNE AMÉLIORATION POUR LES TROIS QUARTS DES ENFANTS TRAITÉS

La sévérité des troubles autistiques a été évaluée par des échelles comportementales au début du traitement, à la fin des trois mois, et un mois après l'arrêt. Au total, plus des trois quart des patients réellement traités ont eu une amélioration significative des symptômes cliniques. Six enfants, traités par le diurétique ou le placebo, sont sortis de l'étude pour des raisons diverses, dont un en raison d'une kypokaliémie – une baisse du taux sanguin de potassium qui est classique avec ce type de diurétique.

Commercialisé et utilisé depuis des décennies, notamment pour traiter les hypertensions artérielles, le bumetanide diminue le taux de chlore dans les cellules. Or, souligne le professeur Ben Ari, des études expérimentales ont montré que la concentration de chlore est très élevée dans les neurones immatures, mais aussi lors de pathologies résultat d'un trouble du développement cérébral, comme l'épilepsie et probablement l'autisme. Des essais de ce même médicament ont été réalisés dans des formes néonatales d'épilepsie.

Appelant à la prudence sur l'interprétation de leurs résultats, Eric Lemonnier Et Yehezkel Ben-Ari, qui ont fondé une start-up, Neurochlore, ont déposé une demande d'autorisation pour mener un essai de ce diurétique à plus large échelle. L' étude, qui se déroulera dans plusieurs centres, pourrait aboutir à une autorisation de mise sur le marché du bumetanide dans l'autisme.

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