La planification est à l'oeuvre, jusque dans le choix de la date de naissance de son enfant. Selon les données publiées par l'Institut nationale d'études démographiques (Ined), un couple sur sept reconnaît avoir choisi la date d'arrêt de la contraception en fonction de la date de naissance présumée de l'enfant. Si les raisons sont très diverses d'un couple à l'autre, tous les parents convergent vers la même période de l'année, celle du printemps. Plusieurs explications ont pu être avancées : les vacances d'été seraient plus propices à la conception que le reste de l'année, il y aurait un effet de mode à avoir un enfant à cette saison. Mais, curieusement, ce pic printanier a tendance progressivement à disparaître depuis une vingtaine d'années. « Le désir de planification est toujours là et le printemps reste la saison la plus prisée lorsqu'on interroge les parents, mais il est moins facile qu'avant de planifier exactement la naissance de son enfant », indique Arnaud Régnier-Loilier, auteur des deux études parues sur le sujet (1). L'affirmation peut paraître paradoxale à une époque où les moyens de contraception sont de plus en plus sophistiqués et surtout quasi généralisés. Mais la fécondité des femmes, elle, a tendance à baisser, rendant plus incertaine la date de conception et, par ricochet, celle de l'accouchement. En effet, les femmes ayant des enfants de plus en plus tard - 30 ans en moyenne quel que soit le rang de naissances -, elles sont aussi moins fécondes. Il leur faut donc généralement plus de temps que leurs aînées pour « tomber » enceinte. Surtout, cette période d'attente de grossesse est beaucoup plus difficile à quantifier. Un pic très ponctuel de naissance autour du 25 septembre Il est une chose, en revanche, qui ne change pas, c'est le pic très ponctuel de naissances observé chaque année autour du 25 septembre. Un phénomène français, mais aussi européen. En tenant compte du fait qu'une grossesse dure normalement 265 jours, un accouchement le 25 septembre renvoie à une date de conception… le jour du réveillon du nouvel an. « On peut penser que davantage de couples ont un rapport sexuel ce jour-là, estime Arnaud Régnier-Loilier, mais c'est surtout les accidents de contraception qui expliquent ce pic .» Une affirmation que le chercheur a voulu confirmer en montrant que les interruptions volontaires de grossesse (IVG), correspondant à des dates de conception au 1er janvier, sont nettement plus importantes que le reste de l'année. L'une des études, qui porte sur les années 1975 à nos jours, révèle enfin que d'autres phénomènes totalement extérieurs peuvent intervenir dans la saisonnalité des naissances. Le vote de la loi Veil sur la légalisation de l'IVG a ainsi eu pour conséquence de faire baisser ponctuellement la natalité à partir de fin juillet 1975 (la loi ayant été votée le 17 janvier). Autre curiosité : les printemps 1977, 1984 et 2004 ont été pauvres en naissances. L'explication ? Les canicules des étés 1976, 1983 et 2003. D'un point de vue strictement médical, les biologistes ont en effet prouvé que les fortes chaleurs ont tendance à faire baisser la fertilité. Mais lorsque les températures dépassent les 35 degrés, la proximité des corps a peut-être aussi tendance à diminuer. (1) « Evolution des naissances en France de 1975 à nos jours » et « La planification des naissances dans l'année », de Arnaud Régnier-Loilier, Ined Tous droits réservés (2010) LES ECHOS |
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