La toxine botulique, produite par la bactérie Clostridium botulinum, est une molécule paralysante et le plus puissant poison connu à ce jour. Elle est aussi utilisée depuis une vingtaine d'années dans le traitement des rides en injections locales à faible dose pour provoquer des paralysies musculaires ciblées de certains muscles du visage.
En paralysant les muscles faciaux, cette substance modifie les émotions que l'on peut ressentir, par exemple, en lisant un texte. David Havas et ses collègues de l'Université du Wisconsin ont injecté du botox à des jeunes femmes dans certains muscles du front où se forment les rides, mais qui servent aussi à exprimer des émotions négatives comme la tristesse ou la colère. Ils leur ont fait lire des textes suscitant des émotions négatives, et ont constaté qu'elles mettaient plus de temps à comprendre le sens des phrases. En outre, elles comprenaient entre cinq et dix pour cent de phrases en moins.
Cette expérience montre que les mouvements des muscles du visage servant à exprimer une émotion sont une aide pour identifier l'émotion correspondante, parce qu'on la reproduit de façon imperceptible. Des expériences d'imagerie cérébrale avaient déjà montré que l'injection de botox réduit l'activité de certaines zones du cerveau impliquées dans la perception des émotions, telles que l'amygdale cérébrale ou le cortex orbitofrontal.
Selon les zones du visage où est réalisée l'injection, la compréhension des émotions décrites dans un texte est différemment altérée. Si le muscle facial ciblé est le muscle corrugateur du front, la compréhension des émotions négatives sera altérée ; si l'injection est réalisée autour de la bouche, les émotions positives risquent d'être moins bien perçues. Le botox donne un visage plus lisse, mais aussi une lecture sans relief.
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